Le monde de la tech a été secoué par une onde de choc inattendue : Nvidia, géant incontesté des processeurs graphiques et de l’intelligence artificielle, a vu sa valorisation fondre de 600 milliards de dollars en une seule journée. Une véritable claque pour l’entreprise qui, il y a encore quelques semaines, trônait au sommet du marché boursier. Que s’est-il passé pour provoquer un tel effondrement et surtout, quelles en seront les conséquences ?
La chute vertigineuse de Nvidia n’a pas seulement surpris Wall Street, elle a aussi soulevé une vague d’interrogations. Lundi dernier, son action a plongé de 16,89 %, atteignant 118,53 $, après avoir frôlé les 116,70 $ au plus bas de la séance. Une hémorragie financière qui rappelle les plus grandes crises boursières, mettant en perspective des pertes abyssales : 589 milliards de dollars partis en fumée, soit l’équivalent de deux fois la capitalisation de Coca-Cola et Chevron réunis. Les grandes fortunes ont également subi un revers brutal, avec 108 milliards de dollars effacés en une journée, dont 20 milliards pour Jensen Huang, le PDG de Nvidia.
Derrière ce crash spectaculaire se cache un acteur inattendu : DeepSeek, une startup chinoise qui s’est imposée en quelques mois comme un sérieux challenger sur le marché de l’intelligence artificielle. En développant un modèle IA performant avec un budget dérisoire de 6 millions de dollars, DeepSeek a réussi à conquérir le marché grâce à une approche novatrice. Son modèle R1, conçu avec des puces Nvidia de milieu de gamme, a rapidement surpassé des solutions américaines bien plus coûteuses et s’est hissé en tête des téléchargements sur l’App Store, dépassant même ChatGPT.
Ce bouleversement a déclenché une onde de panique chez les investisseurs, qui s’interrogent désormais sur la pertinence du modèle économique de Nvidia. L’ère où seuls les supercalculateurs et les puces ultra-performantes dominaient l’IA semble révolue. DeepSeek mise sur une IA plus agile et économe en ressources, grâce à des innovations telles que l’auto-entraînement et des modules spécialisés activables à la demande. Cette approche révolutionnaire remet en question l’idée selon laquelle la puissance brute est le seul facteur clé de succès dans l’IA.
Certains analystes n’hésitent pas à comparer ce bouleversement au lancement de Spoutnik en 1957, qui avait provoqué un choc dans la course à l’espace. Marc Andreessen, investisseur influent de la Silicon Valley, considère d’ailleurs cette percée comme un « moment Spoutnik » pour l’intelligence artificielle, soulignant un basculement stratégique dans le secteur.
La grande question qui se pose désormais est de savoir si Nvidia pourra rebondir et s’adapter à cette nouvelle donne. Certains experts estiment que l’entreprise pourrait tirer parti du paradoxe de Jevons, qui suggère que des technologies plus efficaces peuvent en réalité augmenter la demande globale en ressources informatiques. Si cette hypothèse se confirme, Nvidia pourrait voir émerger de nouveaux marchés et maintenir sa domination sur le long terme.
En attendant, cette correction brutale pourrait être une opportunité pour les investisseurs. Malgré cette chute record, Nvidia affiche toujours des performances impressionnantes sur le long terme, avec +90 % de hausse en un an et +1 900 % en cinq ans. Reste à savoir si l’entreprise saura réinventer son modèle pour ne pas être reléguée au second plan face à des concurrents plus innovants et agiles.
Ce qui est certain, c’est que l’intelligence artificielle entre dans une nouvelle ère où David peut sérieusement inquiéter Goliath. Et dans cette bataille, seuls ceux qui sauront s’adapter à la rapidité des mutations technologiques tireront leur épingle du jeu.